dimanche 6 mars 2011

Les bandes-son de Jacques Tati : un rôle de premier plan

L'attention portée par Jacques Tati à ses bandes-son n'est un secret pour aucun amateur de cinéma. Tati provoqua un bouleversement de la hiérarchie interne du cinéma sonore ;  la parole n'y est qu'un bruit parmi les autres. L'originalité du traitement du son chez Tati est peut-être à chercher dans le parcours du cinéaste : dans les spectacles qu'il réalisa comme mime, un accessoiriste "hors-champ" réalisait les bruitages. Tati en a peut-être retenu l'idée de la séparation des sources car dans ces films, tous les sons sont re-traités après coup : amplifiés, répétés. Un effet de décalage est ainsi produit, amplifiant l'aspect comique.
L'enchaînement des bruits devenant musique, peut-être peut-on voir un lien entre la texture sonore de ses films, en multiples plans et la musique "acousmatique"?
L'objet ici n'est aucunement de faire une analyse cinématographique. J'ai choisi les ""scènes"" qui suivent, pour leur qualité intrinsèque, indépendante du déroulement du film, et surtout car le son y tient le premier rôle. 

Inintelligibilité

"Les vacances de Mr Hulot" 1953

Clandestinité


"Mon Oncle" 1958

 Dans la première, le son influe sur le déroulement même de l'action. La seconde se déroule dans le silence exigé par le caractère clandestin de l'opération et les bruits trahissent la présence du personnage. Dans les deux cas, l'écoute s'y fait cruciale : rater un train, c'est aussi manquer un embranchement, possiblement inverser le cours de son existence ; être intercepté lors d'une opération secrète c'est également courir un risque important. Dans le premier cas on touche au problème du son et du sens - que va t-on comprendre, retenir, sélectionner de ce qui nous est dit, comment va t-on l'interpréter ?- dans le second cas on rejoint le sens primaire de l'ouïe : celui qui permettait par exemple aux premiers animaux de détecter l'arrivée d'un prédateur. Mais n'est ce pas au fond une seule et même chose, la capacité à discerner ce qui fait sens, à isoler dans l'environnement le plus riche, les informations les plus pertinentes ?

jeudi 3 mars 2011

Leçon de musique, leçon de vie ?

Avec Evelyn Glennie nous apprenons que la surdité partielle n'empêche pas de pratiquer l'art musical, mais qui plus est, peut permettre au musicien de développer une "acuité" particulière, d'une précision extrême, et conduire un interprète, non seulement à satisfaire les plus grandes exigences de cet art mais aussi à les transcender. Dans la vidéo qui suit, la percussionniste à la chevelure de feu, donne une conférence où elle relate son parcours remarquable qui a contribué l'acceptation de personnes "handicapées" dans les cursus musicaux de grands conservatoires. Son approche offre un complément de formation hors des sentiers battus pour tout musicien s'intéressant à la perception sonore et modifie l'acceptation habituelle du concept "d'interprétation musicale".